Apprendre à poser un premier geste, pas à pas, en faveur de la réduction des déchets et de la limitation de leur production… tel est l’un des objectifs du zéro déchet. Aujourd’hui en France, chaque habitant produit pas moins de 354 kilos de déchets par an (d’après la CNIID). Si certaines infrastructures émergent (épiceries Day by Day, Biocoop…) et que des lois sont votées afin de réduire notre impact environnemental (interdiction à la vente du plastique jetable en 2020), nous pouvons aussi, à notre échelle, faire un geste quotidien en faveur du zéro déchet.
Parlons bien, parlons Zéro Déchet
Depuis un an, Caroline Coussin alias @famillecousca_zerodechet, alimente son compte Instagram d’astuces quotidiennes : utilisation de pochons faits à la main pour faire ses courses, découverte de la Cup, fabrication de produits ménagers DIY, courses au marché… Derrière ce compte, la volonté de sensibiliser sur ces thématiques à travers des petites astuces faciles à partager et à appliquer.
Règle des 5R, dentifrice solide, refus des tickets de caisse, cadeaux expériences… Caroline a accepté de répondre à nos questions. Retour sur notre interview !
Newcy : Quel style de vie aviez-vous avant le zéro déchet ?
Caroline Coussin : En ce qui concerne la partie culinaire j’ai toujours beaucoup cuisiné par moi-même, fait le compost et fait le potager. Ça a toujours fait partie de notre mode de vie (ndrl : Caroline vit avec son conjoint et ses 2 jeunes enfants). Puis on a souhaité changer de cap. Avant j’étais plutôt une grosse consommatrice, voire même une consommatrice compulsive de vêtements, j’aimais bien suivre les tendances… et à un moment je me suis rendue compte que mes penderies explosaient et qu’il fallait faire un choix par rapport aux autres. Je n’étais pas du tout raisonnable, maintenant c’est un nouveau challenge. On a changé, notamment nos lieux de consommation et d’achat surtout sur la partie alimentaire où l’on achète en marchés et magasins vracs. Ça m’arrive encore d’acheter en grandes surfaces mais ce sont des achats relativement anecdotiques. Là j’ai fait du tri dans ma maison, ça fait 1 an que nous sommes dans le désencombrement et le minimalisme en raisonnant nos achats pour savoir si on en a besoin ou pas, s’interroger sur la qualité qu’on peut avoir, limiter le plastique… il faut faire du vide, se questionner. On est en train de regarder la question des énergies, on est toujours chez EDF et pas encore passés à une société verte. Il y a aussi la question du transport : on habite en campagne, on circule à vélo mais la voiture reste le moyen de locomotion lorsque l’on sort du village…
N : Y a t-il eu un élément déclencheur à votre changement de consommation ?
C : C’était un mode de vie naturel et logique, on a souhaité aller plus loin. J’ai eu 35 ans et il y a eu mon changement professionnel : je suis une passionnée du végétal, j’organise la collecte et la valorisation des biodéchets chez Cocycler, et j’ai pour projet de sensibiliser les enfants préscolaires à l’environnement, au zéro déchet et au gaspillage dans les crèches avant qu’ils rentrent à l’école.
N : Et le 1er geste zéro déchet que vous avez adopté ?
C : Mon premier post sur Instagram a concerné l’alimentation avec les yaourts, que l’on fait désormais nous-même. Quant au premier geste hors Instagram… Il y la règle des 5R (ndrl : livre « 5 règles Zéro Déchet » de Bea Johnson qui donne cinq règles pour aider à éliminer et limiter la création de déchets). Pour le premier R il s’agit de refuser, d’avoir d’abord une prise de conscience, savoir si on a un besoin ou pas. Alors je me suis mise à refuser le sac à pain, refuser les tickets de caisse et les goodies quand j’allais sur les salons.
Je pense avant tout que ce qui peut faire qu’une démarche aboutisse, c’est que l’on s’informe, qu’on lise, qu’on intègre une association zéro déchet, se nourrir des alternatives qu’on peut avoir et enfin mettre en place des petites actions au quotidien. Par exemple, il y a l’idée du sac à pain : dans la plupart des familles on mange du pain et on ressort de la boulangerie une fois par jour avec son pain entouré d’un papier à la durée de vie hyper courte. Qu’est-ce que ça coûte d’avoir un sac à pain avec soi en tissu ou de le prendre à main nue ? Et puis on est aussi un peu modèle, lorsque l’on va à la boulangerie et que l’on sort son propre sac ça peut faire questionner. On décide de ne pas subir des modes de consommation qui peuvent nous être imposés consciemment ou inconsciemment. Par exemple, quand on mange des produits frais non transformés. Je fais donc le choix de passer du temps en cuisine et d’intégrer ce temps dans l’organisation familiale. On essaye de consommer au maximum local, bio, zéro déchet, mais on peut aussi se satisfaire de commencer par des petits gestes pour donner des encouragements.
N : Avez-vous un aspect ludique ou étonnant du zéro déchet qui vous vient en tête ?
C : En passant au zéro déchet on ne pense pas forcement au dentifrice solide, mais ça peut être le cas pour certains qui commencent à s’attaquer pièce par pièce de la maison, il y a pleins d’approches différentes. Là sur le dentifrice solide c’est une succession d’expérience, j’ai testé de le faire moi-même avec une recette très simple que j’avais à la maison, j’ai acheté des dentifrices… il faut tester et expérimenter, on n’a pas de succès forcément partout et tout le temps, l’objectif est de s’informer, de tester et de remettre en question. Il faut y aller progressivement, petit à petit, et qu’une habitude qui nous semble plutôt facile à changer devienne pérenne. Le dentifrice n’était pas dans mes priorités mais au bout d’un moment on se questionne là-dessus.
Un deuxième exemple est le fait que l’on privilégie les cadeaux expériences. Avant on en faisait pour les anniversaires ou Noël et maintenant on est quasiment que là-dessus. Pour les enfants, par exemple, nous avons fait un cadeau familial et nous sommes allés à Echologia en Mayenne. On a décidé d’aller là-bas en famille plutôt que de mettre de l’argent dans un objet ou un cadeau physique. On s’est offert ensemble ce week-end et on a adoré, les enfants apprécient énormément ! C’est aussi se dire qu’un cadeau ce n’est pas forcement du matériel mais que cela peut être une expérience, un moment partagé, comme une cueillette en forêt par exemple. On change l’approche de se faire plaisir tout en évitant d’être dans la consommation excessive.
N : Qu’en est-il des enfants ?
C : Ils ont toujours baigné dans un environnement en faveur de la nature et de la terre, mon conjoint est jardinier et on a un profond amour pour la nature. On a toujours véhiculé ces valeurs là donc ça n’a pas été un changement radical, on n’a rien imposé du jour au lendemain. J’ai un exemple qui me vient en tête, un jour nous sommes allés dîner au restaurant et à la fin mon enfant a reçu un frisbee en cadeau. Je lui ai expliqué qu’il se casserait probablement en deux minutes et qu’on n’en avait peut-être pas forcément besoin. Il avait 6 ans, il l’a compris. Le plus compliqué je dirais que c’est plutôt l’alimentation. C’est anecdotique, mais au début on avait l’habitude de faire des tartes avec des pâtes feuilletées industrielles et quand je les ai faites maison le goût et la texture ont eux aussi changé. Au début ils ont un peu tiqué mais aujourd’hui ils apprécient beaucoup. Il y a eu quelques petites choses qui ont mis du temps à se mettre en place mais aujourd’hui tout est bon.
N : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui aimeraient s’initier au zéro déchet mais ne savent pas par où commencer ?
C : J’ai écrit un article sur le blog du site de Zéro Dechet Angers qui reprend cette question et je l’ai structuré à travers les 5R et la manière d’y aller étape par étape avec des astuces très concrètes . Un exemple : nous buvons régulièrement de l’eau dans la journée et une alternative serait d’avoir une gourde en inox. La plupart du temps on peut l’avoir dans son sac, c’est meilleur que d’acheter de l’eau en bouteille plastique ou dans des gobelets jetables à usage unique.
N : Vos futurs gestes #zerowaste ?
C : On réfléchit à l’accès à l’énergie avec la question de l’électricité. On s’est également questionnés, mais pas à court terme, sur le fait de déménager et de se rapprocher d’une grande ville pour ne plus avoir de voiture. Au niveau de la famille, peut-être aller davantage sur le terrain de la consommation éthique, notamment les vêtements avec la slow fashion, les marques éthiques et françaises, continuer à s’informer un maximum sur les initiatives et produits qui sont produits localement et de qualité, où on est prêts à payer plus cher car on achète beaucoup moins. Sinon en ce qui concerne mes aspirations propres je réfléchis activement à un blog en lien avec le zéro déchet et l’économie circulaire !
N : Des ressources complémentaires ?
C : Il y a un compte Instagram que je suis et avec qui j’échange énormément, ce sont deux sœurs basées à Toulouse @c.lairdutemps et qui sont beaucoup dans le partage de ce qu’elles peuvent lire ou entendre. Il y a aussi le compte et le blog d’@unejulieverte, le compte de Lucie @jedeviensecolo qui a été une des précurseurs en France sur le minimalisme et le zéro déchet, le compte de Luizzati avec @luizzati_zerodechet, plus sur l’anti-gaspillage il y a aussi @chicfrigosansfric, mais aussi Camille de @Camilleselance avec son site web et ses livres !
Merci Caroline, et à très vite sur votre nouveau blog !